Pourquoi la direction financière doit-elle adopter l’intelligence artificielle ?
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée par les entreprises. Près de 93,5 milliards de dollars (92,33 Mds d’euros) ont été investis dans cette technologie par l’ensemble des entreprises privées en 2021, soit le double de 2020 selon une étude de Stanford HAI. 43% des entreprises évaluent son adoption et 26% ont déployé des applications d’intelligence artificielle selon une enquête d’O’Reilly, plateforme de formation et d’apprentissage.
Comment utiliser l’intelligence artificielle pour assurer la performance de l’entreprise ? Quel est le rôle joué par la direction financière dans son adoption ? Où en est-elle actuellement ?
Xavier Gardiès, associé, décrypte les bénéfices de l’adoption de l’intelligence artificielle pour transformer l’entreprise et créer de la valeur dans cet épisode de The June Podcast.
Sommaire de l’épisode
- Fondements et définition
- Direction financière et intelligence artificielle
- Impact de l’intelligence artificielle dans l’entreprise
- Exemple d’une entreprise accompagnée par June Partners
Fondements et définition
Les médias parlent souvent de l’intelligence artificielle comme si elle était capable de réaliser des choses exceptionnelles (ex : créer une nouvelle œuvre d’art, rédiger un article, avoir une conversation avec un humain, etc.). Par exemple, l’intelligence artificielle GPT-3 a écrit un article scientifique à propos d’elle-même qui a été publié. Or, l’intelligence artificielle reste un sujet peu compris.
C’est pourquoi, nous allons d’abord revenir sur les fondamentaux de l’intelligence artificielle : comment la définirais-tu ?
Xavier Gardiès : L’idée de reproduire l’être humain existe depuis plus de 7000 ans dans la mythologie et dans certaines croyances religieuses.
La notion actuelle d’intelligence artificielle, plus orientée vers les sciences cognitives et l’informatique, a été exprimée pour la première fois en 1954 lors de la conférence de Dartmouth par John McCarthy et Marvin Lee Minsky. Ils en ont fait un domaine de recherche autonome et ont prononcé ce terme pour la première fois.
Pour en venir à la définition de l’intelligence artificielle, la notion même d’intelligence est difficile à définir car il en existe différentes définitions (philosophiques, scientifiques, informatiques, sociologiques, etc.). L’intelligence artificielle serait toute chose qui imite la nature, l’être humain, dans sa capacité à faire des choix et à s’adapter, et dans la reproduction des fonctions cognitives. On peut donc considérer que toute machine, tout programme qui simule une de ces fonctions cognitives est une intelligence artificielle.
Aujourd’hui, il y a une tendance claire et forte qui consiste à limiter la notion d’intelligence artificielle aux fonctions cognitives d’apprentissage, de raisonnement et de prise de décision, mais ceci est limitatif. On fixe des attentes très élevées envers l’intelligence artificielle (nous sommes plus exigeants avec les machines qu’avec des humains ou des animaux pour identifier et qualifier l’intelligence) mais des fonctions de stockage de données (disque dur et base de données), de reconnaissance visuelle (capteurs), d’expression (Natural Language processing), de déplacement et d’orientation (GPS, conduite autonome, robots) sont déjà des reproductions de fonctions cognitives humaines, et donc de l’intelligence artificielle. Elle est déjà largement présente.
Direction financière et intelligence artificielle
Où en est la direction financière actuellement dans le développement de l’intelligence artificielle ? Quel est son impact dans l’entreprise ?
X.G. : Selon une étude de Mc Kinsey, l’intelligence artificielle a le potentiel de générer une activité économique mondiale supplémentaire d’environ 13 000 milliards de dollars d’ici 2030, soit un PIB cumulé d’environ 16 % supérieur à celui d’aujourd’hui. Cela équivaut à 1,2 % de croissance supplémentaire du PIB par an. 27% des entreprises qui ont participé à l’étude indiquent qu’au moins 5 % de leurs bénéfices avant intérêts et impôts (EBIT) sont attribuables à l’intelligence artificielle.
Les directeurs financiers qui pilotent la performance et accompagnent la prise de décision ne peuvent donc pas ignorer ce levier de croissance et de rentabilité.
La direction financière a toujours été un terreau fertile pour le développement d’innovations digitales, par la nature très structurée et normative des activités. Il en est de même pour l’intelligence artificielle qui est déjà présente de manière plus ou moins avancée au sein de la direction administrative et financière :
- Robotisation : Robot Process Automation (RPA), Analytics Process Automation (APA), Intelligent Process Automation (IPA)
- Détection de fraude (paiements, RIB), notamment au sein des outils P2P. Entre 1 et 1,4 milliard d’euros d’économies pourrait être réalisé par l’assurance de dommages grâce aux programmes d’intelligence artificielle sur les prestations versées aux fraudeurs
- Optimisation de la trésorerie et des risques liés aux créances clients, notamment au sein des outils OTC (prévoir, segmenter et résoudre les problèmes de paiement des clients)
- Améliorer l’efficacité opérationnelle de +21%
- Réduire les retards de paiement et les créances irrécouvrables de -32%
- Améliorer l’exactitude de la trésorerie de +24%
- Modélisation, risques et scoring des crédits et assurances
- Prise de décision : simulations, scénarios et usage de données historiques pour réaliser des projections, notamment dans les outils FP&A (planification et analyse financières) et X-P&A (planification et analyse étendues)
- Analyse de données : fonctionnalités avancées de manipulation et de restitution des données avec une prescription et des propositions d’analyses, notamment dans les outils data analytics
- Accès à l’information : assistants d’entreprise, moteurs de recherche intelligents
L’intelligence artificielle est également présente au sein d’autres fonctions de l’entreprise :
- Segmentation et ciblage client
- Maintenance prédictive
- Automatisation des centres de services (Elliot de Boursorama, 4 millions de conversations par an)
- Formation par réalité virtuelle (AR / VR)
- Souscription intelligente de services
- Automatisation de processus industriels (collaborative robots / Corobots)
- Optimisation des stocks et de l’approvisionnement
- Et beaucoup d’autres cas d’usage…
Attention tout de même : le Gartner a prédit que, jusqu’en 2022, 85 % des projets d’intelligence artificielle donneront des résultats erronés en raison de préjugés dans les données, les algorithmes ou les équipes chargées de les gérer.
Concrètement, comment les directions financières des entreprises que tu accompagnes ont-elles adoptées l’intelligence artificielle?
X.G. : L’intelligence artificielle n’est pas un asset de l’entreprise mais un outil. Il permet d’exploiter les données et de les considérer comme un patrimoine porteur de valeur.
L’adoption de l’intelligence artificielle passe donc par la capacité à collecter, organiser, mettre en qualité, gouverner, analyser et exploiter les données de toute l’entreprise et non pas seulement au sein de la direction administrative et financière.
La première étape est donc de se doter des outils et de la gouvernance qui permet de collecter et de centraliser les données. Il faut ensuite que la direction administrative et financière soit investie dans un rôle de centralisation et de traitement, et qu’elle soit légitimée dans son rôle. Ensuite, il faut mettre en place une organisation et une gouvernance transverse à l’entreprise, puis définir les cas d’usage à mettre en œuvre.
L’utilisation de l’intelligence artificielle est différente selon le niveau de structuration et de qualité des données de l’entreprise car elle se nourrit des données pour se développer.
L’intelligence artificielle est déjà présente au sein de la direction administrative et financière. Elle va se développer en arrivant par des outils existants et en augmentant le degré d’intelligence :
- Par la RPA et l’APA qui vont devenir de plus en plus intelligents
- Par les ERP, plateformes P2P et OTC
- Par les outils collaboratifs
Les entreprises et secteurs qui génèrent le plus de données sont évidemment des terrains de jeu qui favorisent le développement de l’intelligence artificielle.
Chez June Partners, nous accompagnons les entreprises dans l’élaboration de leur stratégie data et digitale. Nous les aidons à améliorer la fonction finance, notamment via le levier technologique. Nous adaptons nos préconisations à la maturité des clients. L’équipe de June Partners les accompagne dans la construction progressive d’une colonne vertébrale data et digitale. Celle-ci pose les fondements du recours à l’intelligence artificielle. Nous accompagnons également nos clients dans l’identification, le choix, la mise en œuvre et le déploiement de solutions qui permettent d’outiller les processus, d’améliorer la productivité et de réduire les risques.
Impact de l’intelligence artificielle dans l’entreprise
Revenons sur l’impact de l’intelligence artificielle dans l’entreprise dont nous avons parlé précédemment. Comment s’intègre-t-elle au sein de l’organisation de l’entreprise ?
X.G. : L’intelligence artificielle s’intègre dans l’organisation pour anticiper et “prédire” les impacts financiers de tendances business. Ces derniers peuvent avoir des impacts sur les résultats de l’entreprise. C’est pourquoi, la direction administrative et financière est obligée d’utiliser des données métier. Elle ne peut pas se limiter à la transcription financière de l’activité de l’entreprise. Il est donc indispensable de travailler avec les données et les équipes opérationnelles.
Il est donc nécessaire de partager des données, des compétences et des visions afin de bâtir les modèles qui permettront de mettre en évidence des sujets qui éclaireront les décisions.
L’intelligence artificielle va apporter une véritable transversalité et va décloisonner l’entreprise. Elle sera un facteur d’accélération de la collaboration car elle sera obligatoire pour tirer parti des données.
Par ailleurs la direction financière dispose d’une culture de la rigueur dans le traitement de données structurées, dans l’usage de logiciels d’exploitation de la data. Celle-ci pourra être mise à disposition de toute l’entreprise. Elle sera très probablement le temple de la data, et garante de l’intégrité des données, de l’exactitude des chiffres.
La direction financière va évoluer vers une direction de la décision. Et pour ceci, elle devra se doter de compétences et de technologies liées à l’intelligence artificielle.
Exemple d’une entreprise accompagnée par June Partners
Que constates-tu dans les entreprises que June Partners accompagne ?
X.G : Nous intervenons actuellement chez un client leader de la distribution et de la fabrication de meubles. La direction financière est face à des enjeux de productivité, de pilotage de la performance et de prise de décision. L’atteinte des objectifs nécessite une transformation conséquente de la fonction finance. L’un des vecteurs de cette transformation concerne la data qui sera une colonne vertébrale indispensable.
Les premiers cas d’usage mis en œuvre ont permis de développer un embryon d’architecture data et des premiers modèles de prévision (prévision des ventes et du chiffre d’affaires notamment).
Il s’agit typiquement des premiers pas vers des usages plus poussés de fonctions de prises de décisions et de sécurisation de la trésorerie.
Donc, l’intelligence artificielle contribue à l’amélioration de la performance de l’entreprise dans sa globalité et à l’amélioration de la prise de décision. Toutes les directions de l’entreprise sont concernées par celle-ci et notamment la direction financière. Il est important que la fonction finance l’adopte pour tirer profit des données de l’entreprise et apporter de la valeur au business comme à la direction générale.
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