Comment la RSE influence la transformation des entreprises ?

Juillet 2022

Data-RSE

Aujourd’hui la RSE est au cœur des principales problématiques auxquelles sont confrontées les dirigeants d’entreprise.

Qu’est-ce qui influence l’intégration de la RSE à la stratégie de l’entreprise ? Que doivent mettre en place les dirigeants pour combiner la data et la RSE dans leur stratégie de développement ?

Marc-Antoine Cabrelli, président et associé, et Paul Guerrier, associé, chez June Partners, apportent des éléments de réponse à ces questions. Ils éclairent les dirigeants qui sont prêts à transformer leur stratégie d’entreprise pour qu’elle soit responsable et durable.

 

1. Qu’est-ce que la RSE pour vous ?

La RSE correspond à la participation de l’entreprise à l’effort collectif. Celui-ci est lié au climat et aux enjeux d’une société qui évolue. En effet, par définition, toute entreprise est un agent économique. Elle a un rôle à jouer dans la société au niveau local, national voire international selon sa taille et sa localisation.

C’est pourquoi, l’entreprise a une responsabilité dans sa capacité à rester vigilante sur les aspects environnementaux et sociétaux. A chaque fois qu’elle développe une nouvelle activité, la problématique de son caractère durable devient essentielle.

Concrètement, cela revient à répondre à cette question basique mais complexe : est-ce que le produit ou le service que je souhaite développer n’a pas d’impact négatif sur la vie des générations futures ?

Cette question va devenir peu à peu centrale dans les décisions stratégiques des entreprises afin que la responsabilité et la durabilité se rejoignent.

 

2. Comment le contexte actuel accélère l’intégration de la RSE dans la stratégie de l’entreprise ?

Le mouvement d’intégration de la RSE à la stratégie de l’entreprise était déjà en marche avant la pandémie, notamment au travers de l’intensification des normes industrielles liées en particulier aux émissions de gaz à effet de serre et, des nombreuses normes ISO en place pour certaines depuis déjà un certain temps (plus de 24 000 normes internationales à ce jour).

Le contexte actuel, à l’échelle nationale et européenne, a accentué l’intégration de la RSE à la stratégie de l’entreprise.

A l’échelle nationale, la pandémie de la Covid-19 a accéléré un certain nombre de sujets comme celui de la souveraineté. A titre d’exemple, la pénurie sur les masques au début de la crise a révélé notre dépendance à d’autres pays. Elle nous a renvoyé au problème de la désindustrialisation de la France depuis des décennies avec ses vagues de délocalisations. La pandémie nous a obligé à ouvrir la réflexion sur la nécessité de gagner en autonomie et de relocaliser certaines activités économiques pour éviter d’être à nouveau confronté à cette situation. Les sujets d’ancrages territoriaux et de circuits-courts soulevés lors de la pandémie ont servi indirectement les intérêts de la RSE.

Ensuite, à l’échelle européenne, la thématique RSE est poussée notamment par l’Union européenne au travers de la finance verte (Taxonomie) et de l’harmonisation du reporting extra-financier (directive CSRD).

Sur la finance verte, la stratégie est simple : accélérer les démarches environnementales des acteurs économiques (entreprises, banques, investisseurs). Il faut imposer un référentiel visant, à terme, à s’assurer que les financements (publics et privés) soient investis dans des activités durables.

Sur le reporting extra-financier, la directive CSRD qui vient d’être adoptée vise quant à elle à remettre à plat la méthode. Elle permet surtout la comparabilité des indicateurs clés entre les différentes entreprises. En effet, jusqu’à présent deux entreprises concurrentes dans le même secteur pouvaient publier des reportings extra-financier avec des indicateurs clés communs mais avec des méthodes de calcul différentes. Par conséquent, les résultats n’étaient pas comparables. L’idée de l’Union européenne à terme est d’analyser les pratiques et de pouvoir les auditer.

 

3. Quelles sont les principales problématiques pour les dirigeants d’entreprise ?

Aujourd’hui, les dirigeants d’entreprise sont rattrapés par les problématiques entourant la RSE qui touche tous les secteurs mais à différents niveaux. Elles ont un impact en termes de responsabilité sociétale et de business. L’objectif pour les dirigeants est d’être dans l’anticipation. Le but est de ne pas subir ces transformations et permettre de concilier RSE et logique économique.

La prise en compte de la RSE dans la stratégie de l’entreprise implique d’initier une analyse à 360 des opérations, du design des produits ou services jusqu’à la gestion de la fin de vie des produits. Par exemple, il est nécessaire de tracer les achats pour fabriquer les produits, d’avoir des sous-traitants qui respectent le droit du travail et de produire en émettant le moins possible d’émissions de carbone.

Il faut réfléchir à la manière d’envisager la relocalisation des activités. Le but de la relocalisation peut être environnemental (circuits-courts, etc.) ou sociétal (créer une cohésion sociale, des emplois, etc.).

Les dirigeants d’entreprise n’ont plus le choix : la dimension de la RSE devient capitale lorsqu’ils réfléchissent à leur plan stratégique à trois ou cinq ans. La suite logique est son intégration dans les prises de décisions, le développement des produits et des services, les activités de diversification et dans la chaîne logistique des entreprises.

C’est pourquoi, intégrer la RSE à la stratégie de l’entreprise signifie que les dirigeants doivent être clair sur leurs engagements vis-à-vis de la société (par rapport à leur activité, leur localisation et leur empreinte écologique qui est différente d’un secteur à l’autre). Idéalement, la stratégie RSE et la stratégie de l’entreprise doivent s’auto-alimenter, afin de garantir une cohérence dans l’alignement de l’organisation.

 

4. Définir une stratégie RSE est devenu indispensable pour les entreprises : comment les accompagnez-vous sur ce sujet ? Avez-vous de plus en plus de missions ?

L’approche de notre cabinet est d’aller au-delà de la réglementation RSE pour s’inscrire dans une démarche stratégique. Historiquement, notre métier est de mettre autour de la table les directions de l’entreprise (direction générale, direction administrative et financière, direction des opérations, RH, IT, etc.). Elles ont peu de temps à consacrer au sujet de la stratégie RSE même si elles ont conscience de son importance. Nous les accompagnons de manière pédagogique. Notamment en les aidant à travailler ensemble et à donner du sens à la RSE.

Les entreprises que nous accompagnons sont la plupart du temps déjà avancées dans leur stratégie RSE. La majorité d’entre elles ont déjà, par le passé, développé un certain nombre d’initiatives (engagement associatif, isolation thermique, panneaux photovoltaïques, politique d’inclusion, etc.). Cependant, ces actions ne sont la plupart du temps ni coordonnées entre elles, ni mises en cohérence par rapport à une stratégie globale et une trajectoire définie.

C’est pourquoi, les équipes de June Partners apportent aux entreprises un diagnostic complet sur leur RSE.

Il s’agit d’un travail de cartographie. Elle inclut un état des lieux des actions qui ont déjà été menées et une réflexion sur la compréhension du business model de l’entreprise. Son impact et son empreinte sur les aspects de la RSE sont analysés (notamment sur son empreinte environnementale et sociétale). L’analyse porte aussi sur les parties prenantes de toute la chaîne de valeur (achats, relations fournisseurs, cycle de vie des produits/services vendus).

Ensuite, nous définissons une matrice des enjeux les plus importants autour de la RSE par rapport à l’organisation et aux opérations de l’entreprise. Le but est de clarifier le sujet de la RSE auprès du dirigeant.

Puis, nous hiérarchisons les priorités d’engagements et d’actions à mener par l’entreprise. Ce classement est réalisé en prenant en compte deux éléments. D’une part, les activités sur lesquelles elle a le plus d’empreinte et d’enjeux. D’autre part, les activités où l’entreprise doit maximiser ses efforts dans les prochaines années.

L’intérêt est double : éviter de papillonner sur tous les sujets de la RSE et choisir les combats en termes d’impact pour les actions à long terme.

Au-delà de ce diagnostic complet, les équipes de June Partners apporte lors des missions de reporting extra-financier et de taxonomie, une méthodologie. Celle-ci inclut la recherche de la bonne donnée, le travail sur une méthode de calculs et leur automatisation. Nous disposons d’un vrai savoir-faire que nous transposons sur ces types de sujets dans le cadre d’une transformation financière et sur d’autres aspects.

 

5. Pourquoi les données sont-elles les nouvelles alliées de la RSE ?

Adopter une démarche RSE implique d’intégrer de nouveaux indicateurs de suivi utilisés à partir des données internes et externes. C’est pourquoi, l’entreprise doit se pencher sur la manière dont elle collecte les données à tous les niveaux (financière, commercial, marketing, RH, etc.). Le but est d’améliorer ses indicateurs de suivi.

Il est important d’optimiser l’architecture et la fiabilité des données, l’automatisation de leur traitement et de leur calcul. En effet, l’entreprise doit aller chercher des données externes pour répondre à la problématique de la RSE. Par exemple, l’entreprise a besoin de deux éléments pour réaliser un bilan carbone. Elle doit utiliser ses données et des tables de correspondance de certains organismes pour le calculer.

Cela permet entre autres de convertir en carbone le nombre de kilomètres parcourus par les camions ou les collaborateurs. La donnée va permettre d’objectiver la trajectoire RSE de l’entreprise en lien avec la stratégie RSE définie.

De plus, l’entreprise doit se demander avant de mettre en place les indicateurs de suivi de la RSE : pourquoi elle choisit ces indicateurs ? Quelle est la trajectoire à suivre ?

Il faut avoir des indicateurs cohérents, des objectifs à long terme, des moyens pour les atteindre, et des reportings produits régulièrement.

 

6. Quels sont vos conseils pour le dirigeant d’entreprise qui souhaite allier RSE et stratégie de développement ?

Notre conviction est que la RSE étant un sujet vital pour le monde, elle l’est aussi pour le monde des entreprises et notamment pour les dirigeants et les actionnaires. Les entreprises, quelles que soient leur taille, sont toutes concernées à court ou moyen terme. Si la RSE n’est pas correctement appréhendée le risque pour le dirigeant est de détruire de la valeur à moyen terme.

Il en découle que la direction générale doit porter la définition de la stratégie RSE et sa mise en œuvre opérationnelle. Elle implique d’avoir un raisonnement sur le long terme puisque la réglementation va continuer d’évoluer. Par conséquent, tout raisonnement à court terme peut s’avérer hasardeux et risque d’engendrer des effets négatifs sur l’organisation.

La cohérence et la transparence des engagements RSE avec les actions concrètes de l’entreprise sera un des enjeux clés des prochaines années. Le risque est de se voir attaqué par des campagnes de “name and shame” ou des accusations de “greenwashing“. Dans les années à venir, les entreprises seront scrutées de plus en plus sur les enjeux RSE par les clients, les collaborateurs, les fournisseurs, les investisseurs, et les banques.

Au final, la RSE devient un élément incontournable pour tout dirigeant. Au-delà de l’aspect règlementaire, elle doit être perçue par le dirigeant comme un puissant vecteur d’attractivité de l’entreprise. Cela lui permettra de créer de la valeur.

 

7. Et vous en tant que dirigeant d’entreprise, et acteur de la transformation des entreprises, quelles actions avez-vous mis en place ?

La RSE est au cœur des valeurs de June Partners. Elle est aussi présente dans sa raison d’être qui est de “favoriser l’épanouissement individuel et collectif”. Elle se traduit en externe par le rôle que nous jouons dans la transformation des entreprises. Mais aussi en interne par la contribution des équipes à la société.

De plus, nous participons indirectement à l’effort climatique lorsque des missions impliquent une dimension de la RSE. Aujourd’hui, les équipes intègrent automatiquement la RSE dans leur réflexion dès qu’elles sont sollicitées pour le plan stratégique des entreprises. La RSE touche aussi des missions où nous accompagnons les entreprises sur la démarche de taxonomie.

Selon nous, il est indispensable d’appliquer en interne ce que les équipes du cabinet proposent aux clients. C’est pourquoi, la RSE fait partie intégrante de notre quotidien : politique de recrutement inclusive, engagements associatifs, mécène de The SeaCleaners, recyclage et consommation juste

 

Pour aller plus loin

Ecouter l’épisode 6 “Quel est le lien entre la démarche RSE et les outils data ?” de The June Podcast

Lire l’interview de Marc-Antoine Cabrelli sur la transformation des PME et ETI dans le journal Le Nouvel Economiste – Spécial Corporate Finance

 

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